Romain Tardy est un artiste versé dans les installations numériques. Maitre incontesté du mapping en Europe, il a cofondé le label Anti VJ. Il est venu à Rennes, avec The Absolut Company Creation pour présenter sa dernière installation OX à l'Ubu.
Comment tu es arrivé dans le Vjing ?
J’ai commencé aux Beaux Arts, c’était une façon pour moi de sortir du contexte scolaire,
d’expérimenter, de créer visuellement. Ça s’est présenté un peu par hasard, en rencontrant
des gens qui organisaient des soirées. Je me callais sur les DJs, c’est comme ça que j’ai
mis le pied à l’étrier. Au bout de quelques années, j’ai eu envie de m’extraire de ce contexte
de club, et aujourd’hui je ne fais plus de Vjing, c’est plutôt des installations avec du mapping.
Tu dissocies Vjing et mapping ?
Pour moi, ça n’a pas grand chose à voir en fait. Il y a beaucoup de gens qui font du mapping
qui sont issus du Vjing. Mais le Vjing, c’est quelque chose qui est fondamentalement attaché
au club ou aux festivals de musiques électroniques. Le mapping, c’est juste un outil, que tu
peux utiliser en scénographie de festival, mais surtout pour des installations artistiques. Il y a
des points techniques qui se rejoignent mais la finalité n’est pas la même.
Tu veux amener le mapping sur le terrain de l’art ?
Oui voilà, je fais davantage dans les installations artistiques. Mais ce projet OX ramène à
quelque chose proche du Vjing, c’est une structure qui a été développé pour les clubs, je
reviens à mes racines, mais avec une proposition qui tourne autour d’une forme d’autonomie
de l’installation. Des algorithmes gèrent la diffusion des visuels via la musique et viennent un
peu remplacer un Vj.
Tu utilises quoi comme softs ? Tu codes un peu ?
Alors justement, moi je suis pas développeur, mais je travaille avec eux, dont un est
spécialisé dans l’analyse audio. Et du coup on a créé spécialement le logiciel qu’on utilise.
Je suis plus dans la position d’un réalisateur qui coordonne les différents corps de métiers
pour parvenir à l’image recherché.
Tu participes un peu à la formation des techniques Vjing/mapping ?
Complètement, ça m’intéresse beaucoup de transmettre ce que j’ai pu découvrir, étudier,
comprendre. Je fais des workshops avec des étudiants par exemple. Des conférences
également, pour ouvrir sur d’autres questions, relier à des théories de l’histoire de l’art. J’ai
cette idée de confronter ma vision avec celle d’autres personnes.
Qu’est-ce qui t’inspire ? Comment tu vois ton travail ?
La plupart de mes inspirations ne viennent pas du milieu des arts numériques. Je suis
beaucoup plus inspiré par la danse contemporaine et le spectacle vivant. Je pense que mes
installations en mapping sont une forme un peu hybride. Le public est à l’intérieur des
installations, il les fait vivre un peu d’une certaine façon. Je pense que l’interaction est un
outil comme un autre. Je cherche l’émotion, ce n’est pas toujours quelque chose que tu vois
immédiatement. Il y a une évolution, des sensations.