La fine couche de glace craque de tout bord, le vent siffle avec violence. Déjà huit heures que Romain Delahaye, alias Molécule, et le réalisateur Vincent Bonnemazou traversent en traîneau les paysages de nacre s’effaçant dans le brouillard et la nuit. Le village Tiniteqilaaq au Groenland n’est qu’à quelques centaines de mètres, mais le poids du matériel en tout genre des deux artistes entraîne le cortège vers l’eau sirupeuse du Grand Nord. Le profond soulagement éprouvé par les voyageurs en arrivant finalement dans le village est refroidi par les hurlements de quelque 300 chiens et l’absence étrange de présence humaine. Une cabane de quelques pièces, sans eau ni réseau, servira de studio et de logement pour le mois à venir. Romain évoque sans tabou la rudesse du pays et le sentiment d’insécurité : “Au bout d’une semaine, on s’est regardé en se disant : ‘Mais qu’est-ce qu’on fout là ?’.”
Cet article est paru dans le magazine Tsugi - N°109
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